Romain l’explique sans détour : quand tu es danseur, « tu sais que tu ne gagneras jamais beaucoup d’argent (…) et que tu es un travailleur de l’ombre, même si c’est toi qui es en pleine lumière sur la scène ». S’il y a bien sûr la jubilation d’être au cœur du travail de création, de connaître les joies de la scène, d’avoir le sentiment de pouvoir se découvrir et s’exprimer, danser est une activité ô combien difficile et exigeante.
C’est à une véritable plongée dans le champ de la danse contemporaine que nous invite Pierre-Emmanuel Sorignet. Il livre le fruit de dix ans de recherche où il a pu mener une centaine d’entretiens avec parfois les mêmes danseurs à plusieurs années de distance. La grande force de l’enquête ethnographique tient aussi à l’implication de l’auteur lui-même. Si dès le départ, il opte pour la méthode de l’observation participante, il bascule vite, comme il l’explique, « dans une participation observante », puisqu’il est recruté dans des compagnies de danse contemporaine en parallèle de ses recherches en sociologie. Il vit dans son corps même ce métier où règne en maître le discours de la vocation.