Jean-Louis Gabin, le disciple désabusé

Après avoir contribué à la diffusion des œuvres de l’indianiste Alain Daniélou, Jean-Louis Gabin dénonce aujourd’hui en lui un « imposteur ».

« Il n’existe aucun droit supérieur à celui de la vérité. » Telle est la devise des maharajas de la ville sainte indienne de Bénarès ; défendre cette vérité, voici le programme que l’indianiste Jean-Louis Gabin, qui pose cette phrase en exergue de son livre-témoignage, s’est fixé. Car la vérité aurait été rudement malmenée, ce qu’il dit avoir découvert au terme d’un itinéraire que l’on pourrait qualifier d’initiatique. Après un passage par le trotskisme, un capes de lettres, quelques années d’enseignement, une thèse consacrée à Gilbert Lely, poète et biographe de Sade, le jeune chercheur fait en 1986 une rencontre qui va bouleverser sa vie : celle d’Alain Daniélou.

Le personnage est fascinant. Ce lettré mondain et iconoclaste, né en 1907, se présente comme l’un des seuls interprètes occidentaux « autorisés » de l’hindouisme traditionnel. N’a-t-il pas fait connaître à l’Occident, par ses traductions de l’hindi et du sanskrit, la pensée profonde du sage indien Swâmi Karpâtrî (1905-1982) ? Au fil de ses multiples livres érudits, certes boudés par l’establishment académique mais achetés par des centaines de milliers de lecteurs, A. Daniélou a popularisé sa vision de l’hindouisme : un polythéisme voué au culte de la jouissance via notamment le personnage du dieu Shiva… Il propose à J.-L. Gabin de superviser l’édition de ses ouvrages. En 1993, J.-L. Gabin obtient un poste d’enseignant en Inde, à Pondichéry. La mort de A. Daniélou, en 1994, n’interrompt pas ses projets d’édition, auxquels il se consacre parallèlement à son enseignement. En 2003, il s’installe à Bénarès, se familiarise avec le hindi et rencontre des proches de Swâmî Karpâtrî, tout en publiant en français 5 ouvrages posthumes de A. Daniélou…