L’amnistie n’a plus la cote. Elle n’a pourtant pas toujours eu mauvaise presse en France, « une grande consommatrice » d’amnisties à travers les siècles, rappelle Stéphane Gacon, maître de conférences en histoire à l’université de Bourgogne. Ce dispositif juridique effaçant les fautes des condamnés et accusés se distingue théoriquement de la grâce par sa dimension collective. Elle ne porte pas sur des infractions individuelles, mais sur des faits comme l’affaire Dreyfus, la collaboration, la guerre d’Algérie. Elle est donc avant tout une pratique politique. L’amnistie moderne, issue de la Révolution française, est ainsi devenue, de régime en régime, un outil récurrent de gestion des conflits et des peines : en 1816, après la Restauration, en 1830, après la révolution de Juillet, ou encore en 1859, pour permettre le retour des républicains qui s’étaient opposés à Napoléon III…