L'art du diagnostic

Le choix d’une prise en charge, mais aussi le regard que le patient va porter sur lui-même, dépendent du diagnostic. Une étape d’observation aussi essentielle que difficile.

Comment un psychiatre fait-il pour poser un diagnostic ? Pour répondre à cette question, il est bien sûr indispensable de s’entendre sur le sens à donner au mot « diagnostic ». Or, pour le moins, ce sens n’est pas univoque.

Un diagnostic peut correspondre à un mode particulier de dérèglement de notre fonctionnement psychique, dérèglement décrit à partir de schémas théoriques. On parle parfois d’approche physio- (ou psycho-) pathologique. Ainsi, des études réalisées chez l’animal, ou plus généralement des travaux issus des neurosciences, proposent des modèles neurobiologiques de maladies mentales, avec autant de tableaux cliniques correspondants. La psychanalyse a, quant à elle, inscrit le concept de névrose dans un champ théorique fort, la notion dynamique de trajectoire de vie étant alors centrale. Certains cliniciens inscrivent leur pratique diagnostique dans de telles perspectives, mais ce n’est pas le cas de tous.

Le diagnostic peut aussi être simplement considéré comme un groupe de symptômes souvent rencontrés ensemble (la tristesse, l’incapacité à ressentir du plaisir, l’insomnie et la perte d’appétit par exemple). On parle alors de « syndrome », qui obtient le statut de maladie s’il détermine une conduite thérapeutique et possède une valeur pronostique : c’est l’approche syndromique et sémiologique du diagnostic psychiatrique. Elle repose sur des observations fines, recueillies au fil des siècles par des cliniciens particulièrement perspicaces. Les classifications psychiatriques les plus en vogues actuellement (DSM et CIM) relèvent de cette approche.