Dans 5 000 ans, la version originale de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ne sera plus lisible. Sa version encodée sur ADN, elle, le sera encore pour des millénaires. Les Archives nationales françaises viennent de se doter de deux capsules métalliques qui contiennent des molécules d’ADN créées par des biologistes. Cent milliards de copies de la déclaration de 1789 sont renfermées dans l’une, autant d’exemplaires de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne écrite par Olympe de Gouges en 1791 dans l’autre. « C’est la première fois qu’une institution publique se dote d’archives sous forme ADN », souligne Stéphane Lemaire. Son équipe de chercheurs du CNRS et de Sorbonne Université a mis au point la technologie brevetée « DNA Drive », qui amorce peut-être une révolution dans notre façon de stocker l’information. Le stockage sur ADN a été suggéré dès 1959, la démonstration de son utilisation sur de très petits fragments date de 2012. Il consiste à transformer le codage informatique binaire (0 et 1), en un codage basé sur les 4 briques de l’ADN (A, T, C et G). Les travaux menés par S. Lemaire et Pierre Crozet sont innovants, parce qu’ils utilisent des techniques issues de la biologie de synthèse (et non plus la chimie) pour fabriquer de grandes molécules d’ADN, plus faciles à manipuler.