Au moment où des os de mastodonte californien ébranlent le scénario « Sortie d’Afrique II », le scénario « Sortie d’Afrique I », clé de voûte du modèle de peuplement de l’Ancien Monde par les Homo précédant sapiens, prend lui aussi un sérieux coup de percuteur, assené par une chercheure australienne 1. Auteure d’une métaétude comparant les caractères anatomiques de différents hominidés à ceux d’un hominien 2 nain découvert sur l’île de Florès, Indonésie, Debbie Argue soutient que cette dernière créature, morte voici quelque 70 000 ans, n’était pas notre sœur, mais notre cousine !
Jusqu’ici, l’arbre généalogique de l’humanité est le suivant. Les premiers Homo sont nés en Afrique, d’hominiens antérieurs. Le plus connu est Homo habilis. Apparu il y a un peu moins de 3 millions d’années, on lui a longtemps attribué l’invention de la taille des outils de pierre. Habilis aurait eu deux descendants, erectus et ergaster. Erectus aurait opéré la sortie d’Afrique I voici 2 millions d’années. Il se serait diffusé en Asie et en Afrique, et serait le père ou le grand-père de Néandertal, sapiens et quelques autres Homo dont la science génétique commence à dévoiler l’existence. Ergaster serait resté en Afrique, avant de disparaître quand les descendants d’erectus auraient conquis le continent d’origine – à moins qu’erectus et ergaster n’aient formé qu’une seule espèce, hypothèse défendue par certains. Quoi qu’il en soit, il était considéré comme allant de soi que depuis plus d’un million d’années, les seuls Homo survivants étaient erectus et ses descendants.