L'affaire est entendue, depuis Thomas Hobbes au moins : l'homme est un loup pour l'homme. Que dire de l'homme vis-à-vis de l'animal ! L'affaire paraît tout autant entendue : au mieux, il a été un irresponsable qui, par ses actes, a provoqué la disparition d'un nombre incalculable de bêtes, petites et grandes, féroces ou pacifiques. Au pire, un exterminateur consciencieux de nombreuses espèces. La première partie de ce volumineux ouvrage ne récuse pas totalement cette vision des choses : depuis la nuit des temps, l'homme n'a effectivement cessé de troubler la tranquillité de bien des animaux. Directement, par les pratiques ancestrales de la chasse ou du braconnage ; plus récemment par l'abattage industriel à grande échelle. Indirectement, par les catastrophes de toutes sortes qu'il a provoquées durant les guerres livrées à d'autres hommes, sans compter les incidents de la route, les épandages de pétrole, le recours aux pesticides, etc.
L'homme devrait-il regretter le temps où il n'était encore qu'un « bon sauvage » inoffensif ou presque ? S'il est une idée qui agace Xavier de Planhol, c'est bien celle-ci. D'abord parce que le bon sauvage - si tant est qu'il ait existé - n'a pu être le protecteur qu'on imagine parfois. La protection animale - l'auteur n'a de cesse de le souligner - non seulement représente un coût, mais encore suppose une organisation sociale minimale et donc de sortir de cet hypothétique état de nature. Bon ou pas, l'homme ne saurait se targuer d'une domination incontestée : l'histoire de sa lutte contre les fauves est aussi ponctuée de nombreux échecs sinon d'issues incertaines. Qu'on songe à la guerre livrée contre le loup ou le renard, deux canidés que l'homme n'est jamais parvenu à éradiquer. De surcroît, la responsabilité de la disparition d'espèces n'incombe pas toujours ou seulement à l'homme. C'est ce dont nous convainc l'auteur en prenant soin d'expliciter les différents facteurs (humains, mais aussi climatiques, génétiques, etc.) qui interviennent dans l'évolution d'une espèce donnée.