« Les gens aiment se masturber. Ils aiment aussi se saouler et manger des biscuits. » Ainsi commence le livre du philosophe et sinologue Edward Slingerland sur le rôle de l’ivresse dans le développement de la civilisation. Sa réflexion part d’un paradoxe. Être ivre ne semble pas spécialement avantageux du point de vue de l’évolution. L’alcool réduit nos capacités cognitives et motrices. Il entraîne des comportements erratiques et dangereux, a des effets délétères sur la santé et provoque des désordres sociaux, sans parler de risques récurrents de gueules de bois. Cependant, aussi loin que l’histoire et l’archéologie nous permettent de remonter, l’alcool semble occuper une place importante dans le fonctionnement des sociétés humaines. Manifestement, à la moindre occasion, les humains aiment se réunir pour s’enivrer. Comment donc expliquer, demande l’auteur, qu’une activité d’intoxication volontaire puisse être aussi centrale dans l’histoire humaine ?