« Savoir véritablement, c’est savoir. » C’est à la chronique de la disparition annoncée des paysans que nous invitent les sociologues François Purseigle et Bertrand Hervieu. On savait qu’en France, les chefs d’exploitations agricoles forment une population âgée, en moyenne plus de 55 ans, et que plus 100 fermes disparaissent chaque semaine, car ceux qui partent en retraite ne trouvent pas de repreneurs tentés par ce métier où « l’on vit pauvre et l’on meurt riche ». L’agriculteur vit pauvre, car il ne part pas en vacances, enchaîne les semaines de 70 heures, et vit avec des revenus souvent écrasés par la grande distribution. On meurt riche, car ces mêmes agriculteurs se trouvent à la tête d’un patrimoine foncier important (en moyenne, plus d’un million d’euros bruts en fin de carrière) qu’ils ne peuvent cependant céder qu’à des fins agricoles.