Mélanie Klein (1882-1960)

La fondatrice de la psychanalyse des enfants

Personnage phare de la psychanalyse, Mélanie Klein a eu une approche clinique et théorique originale. Mais son oeuvre et sa personnalité ont suscité les réactions les plus extrêmes.

« Elle est un peu cinglée, c'est tout. Mais il n'y a aucun doute que son esprit regorge de choses très, très intéressantes. Et elle a une charmante personnalité. » C'est ainsi que s'exprime en 1925 Alix Strachey, épouse du traducteur et éditeur des oeuvres de Sigmund Freud (1856-1939), à propos de Mélanie Klein. L'année suivante marquera l'arrivée de M. Klein à Londres, et le véritable commencement de sa carrière et de sa renommée. Psychanalyste pour enfants mais aussi pour adultes, notamment les psychotiques, M. Klein a eu et a encore un impact de première importance sur le développement des théories freudiennes, qu'elle a fait évoluer, s'attirant ainsi les foudres des disciples « orthodoxes ».

Son oeuvre est fortement marquée par les éléments de sa vie familiale. Une des premières femmes à devenir psychanalyste, elle avait le projet de se lancer dans des études de médecine (comme son père), avec une spécialité en psychiatrie. Elle y renoncera à son mariage, mais regrettera toujours de ne pas avoir de formation médicale, qui aurait pu, selon elle, accroître la portée de ses travaux. Sa curiosité intellectuelle la poussa à s'intéresser à la psychanalyse, et à s'y investir très rapidement et intensément.

Une certaine Mme le Dr Klein (pas médecin)...

Les déménagements successifs de la famille de Mélanie et de son mari les amenèrent à Budapest, en 1910, où elle débuta une analyse avec Sandor Ferenczi (1873-1933), le plus éminent psychanalyste de la capitale hongroise et disciple favori de S. Freud. Mélanie commence, sous les encouragements de S. Ferenczi, à analyser quelques enfants, ce qui amène son analyste à parler d'elle à S. Freud dans une lettre : « Une certaine Mme le Dr Klein (pas médecin), qui a fait dernièrement quelques très bonnes observations sur les enfants, après avoir suivi une formation de plusieurs années avec moi... » Après Budapest, direction Berlin en 1921, où M. Klein rencontre Karl Abraham (1877-1925), avec qui elle recommence une analyse. C'est également l'époque de sa remise en question de la date du complexe d'OEdipe. Pour S. Freud, cette phase, qui correspond aux sentiments amoureux et hostiles de l'enfant pour ses parents, a lieu autour de la cinquième année. M. Klein la situe beaucoup plus précocément, vers le sevrage du nourrisson. Sa chance sera d'aller à Londres en 1926, alors en pleine ébullition psychanalytique avec la création, deux ans auparavant, de l'Institut de la Société britannique de psychanalyse.

Ses conceptions théoriques gagnent en profondeur, sous l'impulsion et la créativité d'autres membres de l'Institut. Elle commence à développer à cette époque les grands traits de sa position, qu'elle n'aura de cesse d'approfondir. La technique par le jeu sera la base de sa conception de la psychanalyse des enfants : pour elle, le jeu est l'équivalent chez les enfants des associations libres des adultes (méthode psychanalytique selon laquelle la personne doit s'efforcer de dire tout ce qui lui vient à l'esprit) et leur permet d'exprimer leurs angoisses, leurs fantasmes, leur culpabilité ou leurs pulsions. M. Klein n'hésite pas à interpréter les actions de l'enfant dans le jeu, tout en lui laissant une grande liberté. L'enfant dispose de petits jouets nombreux et variés, comme des personnages ou des cubes de couleurs. Il peut ainsi leur attribuer des rôles, des fonctions détournées. Si l'enfant jette ou casse volontairement le jouet, M. Klein va chercher à comprendre si ce jouet représentait par exemple quelqu'un à qui il veut du mal. Et si lors d'une autre séance il tente de le réparer, elle tente également de savoir ce que cela signifie inconsciemment pour l'enfant.