Notre vie est-elle prédéterminée par nos gènes ? Professeur de psychologie à l’université du Texas, Kathryn Paige Harden a ravivé une guerre des tranchées autour de cette question. Dans La Loterie génétique (2023), elle affirme que les inégalités de réussite – notamment scolaires – s’expliquent en grande partie par les gènes. Les compétences cognitives, les préférences comportementales ou encore les appétences varieraient d’une personne à l’autre, en fonction de leur génome. Si elle admet aussi l’importance de facteurs politiques et sociaux, elle plaide pour une meilleure prise en compte des prédispositions génétiques, afin de mieux accompagner les enfants tout au long de leur développement. Cette thèse suscite de nombreuses objections. Pour le biologiste Kevin Bird notamment 1, de l’université de Californie à Davis, les études ont systématiquement échoué à identifier des liens de cause à effet entre des gènes et des traits cognitifs, comportementaux ou culturels ; les corrélations observées restent faibles donc hasardeuses à l’échelle des populations, invérifiables à celle des individus.
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