Je ne sais quel énergumène pourrait avoir le temps ou l’envie de lire un pavé de plus de 500 pages sur la science d’Aristote. Mais à cause d’Armand Marie Leroi, je suis devenu cet énergumène. Car ce diable d’homme vous ensorcelle dès les premières lignes : « à Athènes, dans la vieille ville, il est une librairie, la plus charmante que je connaisse. Elle se situe dans une ruelle près de l’agora, à côté d’une échoppe qui vend des canaris et des cailles dans des cages suspendues sur la façade. »
Comment résister ? Dans cette librairie, l’auteur est tombé par hasard sur une ancienne édition d’Aristote. En feuilletant le livre machinalement, il tombe sur la description d’un coquillage (le Charonia Variegata), le même qui était sur l’étagère de sa maison familiale. Cet intérêt pour les coquillages fut aussi le début de la vocation d’A. M. Leroi, devenu par la suite biologiste marin.
Ce qui a frappé notre auteur, c’est la description très précise donnée par Aristote du coquillage. Il ne rapporte pas quelques vagues connaissances de deuxième main. Non, c’est précis, c’est rigoureux : « Contre toute attente, il connaissait ce qu’il disait. » Comment est-ce possible ? Qui était cet Aristote qui, il y a vingt-trois siècles, a rédigé une œuvre monumentale où il est question de rhétorique, de politique, d’éthique, de métaphysique, de physique et de psychologie, mais aussi plusieurs traités sur les animaux ?