En France, on a l’impression que le terme « laïcité » revêt de multiples sens. Pourquoi cette polysémie ?
La laïcité n’est pas une « valeur », mais un moyen de gouverner en toute équité. Elle se traduit par un principe politique établissant une séparation institutionnelle stricte entre le pouvoir politique et les différentes institutions religieuses. Ce principe est au fondement même de nos libertés individuelles et publiques, en garantissant, en particulier, la liberté de conscience de chacun. Elle permet l’égalité de tous les citoyens français devant l’État et la loi, quelles que soient leurs appartenances convictionnelles particulières. En France, elle s’illustre par l’obligation de neutralité de l’État et de ses agents dans leurs relations avec les différentes composantes de la société, cette neutralité ne pouvant, en aucune manière, s’imposer aux usagers. Elle est donc un simple cadre politique, limité par des principes juridiques stricts et respectueux de l’idéal démocratique, élaborés au cours de la longue genèse de l’État de droit.
La laïcité n’est pas une idéologie en soi. Elle ne peut donc être confondue avec un prétendu athéisme militant de l’État qui aboutirait à une invisibilisation des pratiques et appartenances religieuses. En France, le principe de laïcité oblige donc l’État à une neutralité bienveillante vis-à-vis des différentes convictions exprimées dans le corps social, qu’elles soient religieuses, philosophiques ou politiques. Il garantit aussi le libre exercice des pratiques individuelles ou collectives que ces convictions réclament, aussi bien dans l’espace privé que dans l’espace public (art. 1 de la loi de 1905).