Pendant longtemps, au sein des sciences humaines, a été entretenue une opposition entre l’individu et la société, la psychologie et la sociologie. Le grand mérite de cet ouvrage collectif est de bousculer ce clivage : psychiatres, sociologues, anthropologues, historiens et philosophes montrent que l’on ne saurait connaître et traiter les pathologies mentales « contemporaines » sans aussi les restituer dans un contexte collectif. Loin de se réduire à une affaire « privée », le trouble mental est aujourd’hui une question sociale, politique et culturelle. La première partie de l’ouvrage montre bien en effet que des troubles, tels que la toxicomanie ou l’alcoolisme, sont souvent associés à un état de précarité sociale. Quant à la dépression, qui est depuis trente ans la maladie mentale la plus répandue au monde, elle se développe dans un environnement social qui valorise à outrance le modèle social du bien-être.