La montée du déclinisme culturel

En trente ans, les annonciateurs du déclin de la culture française ont vu grossir leurs rangs et croître leur audience. Contre quoi ces « antimodernes » se battent-ils ?

En 1987, l’année même où James Flynn prenait la mesure des progrès de l’intelligence, le philosophe et journaliste Alain Finkielkraut diagnostiquait, quant à lui, le déclin dramatique de la culture, (La Défaite de la pensée, 1987). Ses propos reprenaient en écho ceux de l’universitaire américain Allan Bloom (L’Âme désarmée, 1987). Entendons-nous bien, pour A. Finkielkraut, la culture renvoie à la pratique noble de la lecture des grandes œuvres philosophiques et littéraires, à la fréquentation des musées et n’a rien à voir avec le sens que lui donnent les anthropologues (pour qui une chanson, une prière ou une recette de cuisine sont de la culture). Pour entrer dans le giron de la « grande culture », tout produit doit donc être adoubé par une communauté ou une institution. En conséquence, la culture française fut, pendant des décennies, par le « plébiscite de chaque rentrée scolaire », un corpus d’œuvres patrimoniales, une langue et un récit balisé de l’histoire nationale.