La musique au collège : peut mieux faire !

Qui n’a pas de souvenirs hauts en couleur des cours d’éducation musicale au collège ? Il faut reconnaître que rien, ni les faibles volumes horaires qui y sont consacrés ni l’absence d’enjeu scolaire, n’incite les élèves à prendre au sérieux cette discipline. Par ailleurs, les pratiques musicales ordinaires sont souvent bien éloignées de la culture musicale prescrite par l’école. Une recherche récente pose précisément la question de l’adhésion des élèves à la culture musicale scolaire. Sans surprise, l’analyse permet d’observer que les élèves de milieux favorisés sont plus familiers des savoirs musicaux enseignés, grâce à leurs pratiques culturelles (sorties au concert, fréquentation du conservatoire ou environnement musical familial), tout comme cela s’observe pour l’apprentissage de l’écrit par exemple. La comparaison s’arrête là cependant car, pas plus que les autres, ils ne sont enclins à comprendre l’intérêt des apprentissages musicaux dans le cadre scolaire car, plus surprenant, ce sont les enfants d’ouvriers, d’employés et d’inactifs qui sont les plus nombreux à prendre au sérieux l’éducation musicale. Deux pistes d’explication à ce paradoxe : d’une part, la distance critique (soulignée par les enseignants de musique) des enfants de milieu favorisé, d’autre part, la manifestation d’un certain utilitarisme de la part de ces élèves qui savent mieux que les autres que cette discipline est scolairement peu « rentable ». Notons toutefois qu’à partir de la 3e, une majorité d’élèves, quelle que soit leur origine sociale, n’accorde pas de crédit à cet enseignement et pense que le cours de musique « ne sert à rien ». On assiste clairement à la confrontation de la musique « scolaire », objet de savoir construit, critique et réfléchi, à la musique, source de sensations, d’émotions et de partage immédiats pour les jeunes. On peut s’interroger sur les formes que pourrait prendre une réconciliation…