La police, amie ou ennemie ? Questions à Sébastian Roché

Quels sont les secrets d’une relation apaisée entre la police et les citoyens ? Éléments de réponse à partir d’une vaste enquête transnationale récemment parue.

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Sébastian Roché, politologue, directeur de recherche (CNRS/IEP-Paris/université Grenoble-Alpes).


Spécialiste des questions de délinquance et de police, le politologue Sebastian Roché vient de codiriger, avec Dietrich Oberwittler, sociologue à l’institut Max-Planck (Allemagne), une large étude comparative sur les relations entre police et population dans différents pays du monde (Police-Citizen Relations Across the World. Comparing sources and contexts of trust and legitimacy, Routledge, 2018). Il a aussi publié De la police en démocratie (Grasset, 2016).

Du Nigeria aux différents pays d’Europe, en passant par le Japon ou la ville de Chicago, les différentes enquêtes présentées dans cet ouvrage montrent une diversité de situations pleine d’enseignements, notamment pour le cas français.

Dans l’enquête que vous publiez, les chercheurs en sciences sociales étudient la confiance et la légitimité que les citoyens accordent à la police. Quels sont les pays où ces facteurs sont les plus élevés ?

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La confiance et la légitimité sont des éléments essentiels au gouvernement d’un pays autrement que par la force et la contrainte. Elles sont au cœur de l’édifice démocratique et du contrat social. Confiance et légitimité se construisent à deux niveaux. La confiance est liée à la qualité de la relation avec la police, qui répond plus ou moins bien suivant les pays aux besoins des personnes. Elle se gagne au quotidien. La légitimité est le fait de reconnaître à la police un droit moral à se faire obéir. Elle découle de l’identification de la population avec les gouvernants et du bon fonctionnement des institutions politiques, qui se traduit par le fait d’adhérer aux décisions prises par l’autorité qui commande la police.