Selon un vieil adage, la prostitution serait le plus vieux métier du monde, sous-entendant qu’il est vain de lutter contre puisqu’elle constituerait une facette inhérente à la nature humaine. Les premières prostituées recensées exerçaient en Mésopotamie dans un cadre sacré. Femmes stériles, elles donnaient leur existence à la déesse de la fertilité, Ishtar, et ne pouvant être l’épouse d’un, devenaient l’épouse de tous. Bien loin des représentations actuelles du métier, il s’agissait de célébrer la divinité par l’union des corps. La pratique des péripatéticiennes est également attestée dans l’Antiquité grecque, romaine et égyptienne. En Égypte, les femmes mariées doivent avoir, au moins une fois, connu l’étreinte charnelle avec un étranger. Elles se mêlent donc aux prostituées de profession reconnaissables à leurs lèvres teintes en rouge. À Rome, où la tempérance des hommes constitue une marque de noblesse, on recommande la fréquentation des lupanars, maisons closes antiques, afin de déverser leurs ardeurs avec des prostitué(e)s et demeurer modérés lorsqu’ils rejoignent la couche de leurs épouses. Si la prostitution n’est pas le plus vieux métier attesté, l’agriculture étant bien plus ancienne, le commerce du sexe est bien attesté dès l’émergence de la civilisation babylonienne. Cependant, entre une prêtresse babylonienne s’unissant au roi sur un autel dédié à Ishtar devant une foule de fidèles et une femme contrainte à arpenter les allées du bois de Boulogne, il est légitime de se demander si le même terme ne recouvre pas des pratiques éloignées.
• Mésopotamie. L’écriture, la raison et les dieux
Jean Bottéro, Gallimard, 2008.