Du point de vue de la chronologie intellectuelle de Gaston Bachelard, La Psychanalyse du feu représente une transition. Celle où, toujours soucieux d’élaborer une épistémologie rationaliste, il se met à explorer une nouvelle voie de réflexion. Écrit la même année que La Formation de l’esprit scientifique, l’ouvrage se veut le reflet symétriquement opposé de l’épistémologie bachelardienne. Alors que dans l’un, G. Bachelard considère l’imagination comme un obstacle fondamental à la connaissance scientifique, dans l’autre il y voit un foyer fécond, indispensable à la création littéraire. En réalité, G. Bachelard touche là le pivot des deux versants de sa pensée : « Les axes de la poétique et de la science sont d’abord inverses. Tout ce que peut espérer la philosophie, c’est de rendre la poésie et la science complémentaires, de les unir comme deux contraires bien faits. » Exclu du champ de la réflexion objective, l’imaginaire se voit alors attribuer une place à part entière.
La psychanalyse du feu, 1938
Dans La Psychanalyse du feu, Gaston Bachelard aborde pour la première fois la question de l’imaginaire poétique. Il y propose de fonder une « chimie » de la rêverie, en analysant l’emprise psychologique du feu dans l’esprit humain.