Le boom de la psychologie. Révélateur de nos sociétés ?

Jamais la psychologie n’avait été à ce point portée au pinacle. Il semble que le public attende souvent qu’elle lui montre comment vivre dans une société déboussolée. Les psychologues tirent les marrons du feu, mais les places sont chères…
La « psychologisation » de la société peut se repérer à plusieurs indices. Chez mon marchand de journaux, le nombre de revues consacrées à la psychologie approche la dizaine : Le Journal des psychologues, Psychomédia, Cerveau & Psycho, Le Monde de l’intelligence… Sans parler bien sûr du magazine Psychologies diffusé sous deux formats dans les pays francophones et dont les ventes battent des records (près de 300 000 exemplaires mensuels), et qui possède désormais des versions étrangères dans de nombreuses langues.

 

Allons maintenant faire un tour du côté du libraire. L’édition en psychologie est plus que productive. Quelques auteurs à succès – Boris Cyrulnik, Marcel Rufo, Christophe André, Aldo Naouri, David Servan-Schreiber… – tiennent le haut du pavé avec leurs ouvrages sur la résilience, les recettes du bonheur, l’estime de soi, les relations parents-enfants, la crise de l’adolescence… Ces livres ne sont que la pointe avancée d’une vague plus profonde : les psychothérapies, le développement personnel, la psychogénéalogie, la gestion du stress, etc. La psychanalyse n’est pas en reste. Du point de vue éditorial, Sigmund Freud ou Françoise Dolto continuent à bien se porter. Restent enfin les livres académiques : manuels de neurosciences ou petites introductions aux psychothérapies. En tout, quelque 1 000 livres de psychologie ont été publiés en 2007 dans l’édition française.

L’engouement pour la psychologie se manifeste aussi par le recours aux psychologues dans des lieux jusque-là inédits. Présents dans les hôpitaux psychiatriques, à l’école, dans les centres d’aide psychologique, les cabinets privés, ils investissent désormais l’entreprise avec l’essor du coaching. Il n’est plus un attentat, un accident, une inondation sans que des cellules d’aide psychologique se mettent en place, au même titre que les pompiers et les gendarmes.