C’est l’histoire d’un succès planétaire. Mais un succès qui s’amenuise dans son monde d’origine, le champ scientifique, pour se répandre dans la presse et dans les cercles de décision. En 1993, la revue américaine Foreign Affairs fait paraître un article de Samuel Huntington, « The clash of civilizations », qui aura un grand retentissement. S. Huntington affinera et développera sa théorie dans un livre, en 1996, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order.
Ce professeur de Harvard réfléchit au nouvel ordre mondial post-guerre froide. Selon lui, durant l’époque moderne, le monde occidental a été le théâtre de guerres successivement entre des dirigeants qui s’efforçaient d’étendre leurs territoires (de 1648-1789), entre des nations (1789-1918), enfin entre des idéologies comme le communisme, le fascisme ou la démocratie libérale (jusqu’à la chute du mur de Berlin). Il s’interroge sur les clivages essentiels du monde contemporain et à venir, qui pourront générer des tensions et des conflits. Prenant acte de la mondialisation de l’économie et de la révolution des moyens de communication, il affirme que les prochains conflits majeurs seront avant tout des conflits identitaires. Mais, contrairement au xixe siècle européen, ces conflits identitaires ne s’exprimeront pas à l’échelle des nations mais à celle des civilisations, qui sont les entités d’identification les plus englobantes. Pour lui, le marqueur civilisationnel essentiel est la religion, mais il ne retient cependant pas que ce facteur pour délimiter les différentes civilisations.
Il déplore le déclin du monde occidental et avertit le lecteur du risque que représentent deux civilisations en particulier, les civilisations chinoise et islamique. La civilisation chinoise sera à terme le grand rival économique de l’Occident. Quant à la civilisation islamique, elle se caractériserait à la fois par un fort essor démographique et par un bellicisme symptomatique. En effet, selon S. Huntington, la civilisation musulmane poserait un problème particulier : elle resterait une civilisation conquérante et prosélyte aux « frontières sanglantes ». Il n’y aurait pas « d’État phare », c’est-à-dire une puissance dominante, au sein de cette civilisation pour la stabiliser. Se poserait également un problème d’assimilabilité des musulmans dans les autres sociétés ainsi que des personnes d’autres civilisations au sein du monde musulman. Par ailleurs, toujours selon l’auteur, l’islam serait une religion « du glaive », contenant dans son code génétique, le Coran, une violence spécifique. Sur cet aspect, il reprenait certaines idées de Bernard Lewis, d’ailleurs inventeur de la célèbre formule du « choc des civilisations », scientifique de renom qui a versé dans l’islamophobie et dans des thèses essentialistes et culturalistes.
Ces analyses ont été largement dénoncées et invalidées scientifiquement dans le monde académique. Cependant, elles ont eu un impact considérable dans les milieux politiques et dans les médias. Aux États-Unis, ces thèses ont été largement reprises par le courant néoconservateur et ont servi de grille de lecture du monde à un nombre croissant de dirigeants. Pour beaucoup, la Global War on Terrorism post-11 septembre trouve ses racines dans les thèses de S. Huntington.
Ce professeur de Harvard réfléchit au nouvel ordre mondial post-guerre froide. Selon lui, durant l’époque moderne, le monde occidental a été le théâtre de guerres successivement entre des dirigeants qui s’efforçaient d’étendre leurs territoires (de 1648-1789), entre des nations (1789-1918), enfin entre des idéologies comme le communisme, le fascisme ou la démocratie libérale (jusqu’à la chute du mur de Berlin). Il s’interroge sur les clivages essentiels du monde contemporain et à venir, qui pourront générer des tensions et des conflits. Prenant acte de la mondialisation de l’économie et de la révolution des moyens de communication, il affirme que les prochains conflits majeurs seront avant tout des conflits identitaires. Mais, contrairement au xixe siècle européen, ces conflits identitaires ne s’exprimeront pas à l’échelle des nations mais à celle des civilisations, qui sont les entités d’identification les plus englobantes. Pour lui, le marqueur civilisationnel essentiel est la religion, mais il ne retient cependant pas que ce facteur pour délimiter les différentes civilisations.
Le bellicisme symptomatique de l’islam, selon Huntington
Il découpe le monde en vastes « plaques tectoniques » civilisationnelles (occidentale, latino-américaine, africaine, islamique, chinoise, japonaise, hindoue, orthodoxe et bouddhiste). Bien sûr, il ne nie pas que les conflits entre pays ou ethnies appartenant à une même civilisation perdureront, mais il souligne que les conflits qui opposeront des États appartenant à deux aires civilisationnelles distinctes auront un potentiel de déstabilisation supérieur et pourront plus facilement s’étendre (comme dans les exemples de l’ex-Yougoslavie et du Cachemire).Il déplore le déclin du monde occidental et avertit le lecteur du risque que représentent deux civilisations en particulier, les civilisations chinoise et islamique. La civilisation chinoise sera à terme le grand rival économique de l’Occident. Quant à la civilisation islamique, elle se caractériserait à la fois par un fort essor démographique et par un bellicisme symptomatique. En effet, selon S. Huntington, la civilisation musulmane poserait un problème particulier : elle resterait une civilisation conquérante et prosélyte aux « frontières sanglantes ». Il n’y aurait pas « d’État phare », c’est-à-dire une puissance dominante, au sein de cette civilisation pour la stabiliser. Se poserait également un problème d’assimilabilité des musulmans dans les autres sociétés ainsi que des personnes d’autres civilisations au sein du monde musulman. Par ailleurs, toujours selon l’auteur, l’islam serait une religion « du glaive », contenant dans son code génétique, le Coran, une violence spécifique. Sur cet aspect, il reprenait certaines idées de Bernard Lewis, d’ailleurs inventeur de la célèbre formule du « choc des civilisations », scientifique de renom qui a versé dans l’islamophobie et dans des thèses essentialistes et culturalistes.
Ces analyses ont été largement dénoncées et invalidées scientifiquement dans le monde académique. Cependant, elles ont eu un impact considérable dans les milieux politiques et dans les médias. Aux États-Unis, ces thèses ont été largement reprises par le courant néoconservateur et ont servi de grille de lecture du monde à un nombre croissant de dirigeants. Pour beaucoup, la Global War on Terrorism post-11 septembre trouve ses racines dans les thèses de S. Huntington.