L’émergence des services de soin aux personnes est parfois appréhendée comme une « marchandisation de l’intimité », ce qui suscite de nombreuses craintes. Sont-elles justifiées ?
C’est vrai, la commercialisation de l’intimité suscite des craintes. À mélanger ainsi l’économie et l’intimité, ne va-t-on pas contaminer chacun de ces deux domaines ? Songeons à un accord prénuptial, un prêt d’argent à un ami ou bien un flirt sur le lieu de travail. Ce mélange entre le monde froid de l’activité économique et le monde chaleureux de l’amitié, du mariage ou des relations parent-enfant ne risque-t-il pas de transformer le second en un marché fondé sur le calcul ? S’agissant du care, la crainte est que, dès lors que l’on rémunère le soin aux enfants, aux malades et aux personnes âgées, la qualité de l’attention dont ils peuvent bénéficier soit compromise.
Cela est vrai aussi dans l’autre sens. On considère souvent que si les travailleurs entretiennent des relations trop amicales, trop intimes, ils consacreront plus de temps à passer du bon temps ensemble qu’à travailler. La crainte est alors que l’intimité affecte l’efficacité. Bref : si vous mélangez l’intimité avec l’activité économique, c’est à vos risques et périls !