Le Corbusier, un art fasciste ?

À l’occasion du cinquantenaire de son décès, une exposition et plusieurs livres reviennent sur le parcours de Charles-Édouard Jeanneret-Gris, dit Le Corbusier, suscitant la polémique : le célèbre architecte, emblématique de la période gaullienne et adulé aujourd’hui comme une icône nationale, était-il fasciste ? Le journaliste Xavier de Jarcy, au terme d’une enquête minutieuse, conclut que « Le Corbu » n’a pas été un « fada » idéaliste et apolitique. Dès les années 1920, il montre des accointances avec la droite la plus autoritaire. Sa haine du parlementarisme, son amour pour l’ordre et l’autorité le font se lier d’amitié avec les dirigeants du premier parti fasciste français, le Faisceau de Georges Valois. Son ami et mentor, le médecin hygiéniste Pierre Winter, fonda le Parti fasciste révolutionnaire. Le Corbusier fréquenta aussi les milieux « planistes », comme le Redressement français, un groupe de pression patronal développant des idéaux technicistes et corporatistes. S’il tenta sans succès de proposer ses travaux à Mussolini, il réussit à s’imposer un temps à Vichy où il fut conseiller à l’urbanisme avant d’être mis à l’écart, puis travailla dans la fondation eugéniste du docteur Alexis Carrel.