Le miroir et la scène

Le miroir et la scène. Ce que peut la représentation politique ? , Myriam Revault d’Allonnes , Seuil, 2016, 202 p., 19 €.

Parmi les interrogations que suscite la démocratie contemporaine, celles liées à la représentation sont des plus vives. Ne parle-t-on pas de « crise de la représentation » ? Or, comme bien d’autres questions posées par un tel régime, celle-ci le fut d’emblée par les premiers à l’expérimenter, c’est-à-dire les Grecs. Deux modèles, deux paradigmes ont dominé la pensée de la démocratie depuis lors, celui de Platon et celui d’Aristote. Pour le premier, la représentation (mimesis) est une copie dégradée d’un modèle. Pour le second, c’est une action productive. Platon prend pour exemple la peinture, Aristote le théâtre. Dans un cas, la représentation imite, dans l’autre, elle rend présent. Ce qui nous ramène à la question actuellement débattue : en démocratie, le représentant doit-il être semblable au représenté ou bien différent ? Les élus doivent-ils être aussi proches que possible des citoyens qui les désignent, ou bien différents par leur expertise propre de la politique ? Sont-ils mieux à même de représenter ceux dont ils partagent les préoccupations ou bien doivent-ils s’abstraire du quotidien pour mieux voir l’avenir ?