Le PIB, un outil périmé ?

La croissance du PIB a longtemps été vue comme la panacée. Pourtant, cet indicateur peut se révéler limité et trompeur. Des alternatives se développent depuis une trentaine d’années.

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Chaque trimestre, les chiffres de la croissance économique sont scrutés par les décideurs politiques et les acteurs économiques. Cette croissance correspond à l’évolution d’une année sur l’autre de la valeur des richesses (biens et services) produites dans le pays – ce qu’on appelle le produit intérieur brut (PIB). Plus elle est importante, plus les caisses de l’État se remplissent par le biais des impôts, et donc plus l’État dispose de marges de manœuvre pour financer les hôpitaux, les écoles, les tribunaux, les retraites et autres aides sociales. La croissance apparaît donc souvent comme une panacée : « C’est ce que vendaient autrefois les bonimenteurs de foire avec leur élixir de jouvence : le produit miracle qui cure tous les maux », écrit Jean-Marc Jancovici, ingénieur polytechnicien spécialiste de la transition énergétique, dans un livre publié en 2015, Dormez tranquilles jusqu’en 2100 et autres malentendus sur le climat et l’énergie.

Une augmentation du PIB n’implique en effet pas nécessairement une amélioration de la qualité de vie de la population. À court terme comme à plus long terme, selon les écologistes, une croissance infinie dans un monde aux ressources finies constitue une impasse. Consommer plus, c’est polluer plus, réchauffer plus, et courir encore plus vite à la catastrophe. Bref, la croissance serait l’ennemie de la transition écologique. Doit-on alors arrêter de scruter les chiffres du PIB ?

L’indicateur va bientôt fêter ses cent ans : il a été mis au point par l’économiste américain Simon Kuznets en 1931 pour évaluer l’ampleur des pertes subies par l’économie du pays pendant la grande dépression. Auparavant, il n’existait que des agrégats disparates, mesurant ici et là tel cours boursier ou la production industrielle d’un secteur donné. Les travaux de la commission Kuznets ont permis d’aboutir à un instrument de mesure synthétique, bien plus lisible pour suivre l’état de l’économie d’un pays.