Devenir lecteur, c’est toujours faire l’expérience du changement : franchir le seuil entre la petite enfance et l’âge de raison, explorer d’autres mondes, changer d’époque, investir d’autres vies que la sienne, incorporer d’autres visions du monde. Cette « occupation » (j’occupe le territoire du texte autant qu’il occupe mon esprit) peut avoir des répercussions durables. C’est pourquoi les livres furent parfois considérés avec méfiance. On les soupçonnait de rendre soit mous, soit fous. Les temps ont changé. La littérature apparaît de plus en plus comme un outil de connaissance, de développement personnel et d’émancipation. En nous plongeant dans des univers sociaux et mentaux, elle élargit notre compréhension de l’histoire, de la sociologie, de la psychologie. Les philosophes la parent de vertus morales : elle développerait notre empathie et notre tolérance. Elle aurait même le pouvoir de réparer les âmes blessées et les sociétés morcelées par les crises, en ressoudant par le verbe la communauté des vivants.
Comment et jusqu’où la littérature agit-elle ? Pourquoi sommes-nous si nombreux à y puiser des ressources ? Qu’y cherche-t-on et qu’y trouve-t-on ?
Bibliographie
La littérature, pour quoi faire ?
Antoine Compagnon, Fayard/Collège de France, 2007.
La nuit, j’écrirai des soleils
Boris Cyrulnik, Odile Jacob, 2019.
Les livres prennent soin de nous
Pour une bibliothérapie créative
Régine Detambel, Actes Sud, 2015.
Réparer le monde
La littérature française face au 21e siècle
Alexandre Gefen, José Corti, 2017.
La griffe du temps
Ce que l’histoire peut dire de la littérature
Judith Lyon-Caen, Gallimard, 2019.
Façons de lire, manières d’être
Marielle Macé, Gallimard, 2011.
Pouvoirs de la fiction
Pourquoi aime-t-on les histoires ?
Vincent Jouve, Armand Colin, 2019.