Le renouveau du militantisme athée aux États-Unis

En se posant comme une minorité discriminée, l’athéisme militant a déclenché une vague d’adhésions aux États-Unis. Mais il reste possible que le mouvement ne soit qu’une réaction à l’influence excessive de la droite chrétienne.

« Vous ne croyez pas en Dieu ? Vous n’êtes pas seul (1). » Ce slogan plutôt surprenant a fleuri depuis l’été 2008 sur les flancs des bus, les métros et les panneaux d’affichage de plusieurs grandes villes américaines. Cette campagne publicitaire, à l’initiative d’une organisation d’athées (American Humanist Association), témoigne du dynamisme grandissant des non-croyants aux États-Unis. Historiquement très mal considérés outre-Atlantique, perçus par une grande partie de leurs compatriotes comme trop individualistes et immoraux pour être de bons citoyens (2), les athées tentent aujourd’hui de faire entendre leur voix, comme d’autres minorités l’ont fait avant eux avant d’être acceptées dans la société américaine.

Parallèlement, il s’avère que depuis 1990, le nombre de « non-affiliés » – les individus qui dans les sondages ne s’identifient à aucune religion particulière – n’a cessé de croître aux États-Unis : 7 % en 1990, ils étaient 14,1 % en 2001 et représentent en 2009 environ 16 % de la population (3). Comparée aux autres groupes, notamment les évangéliques, les protestants traditionnels et les catholiques, la catégorie des « nones », comme les appellent les sociologues (4), est celle qui augmente le plus rapidement aux États-Unis. La progression touche particulièrement les jeunes : un quart des 18-29 ans se déclarent « sans religion », ce qui donne à penser que leur nombre continuera de croître. Barry Kosmin, sociologue et auteur en 2009 d’un rapport intitulé « American nones: The profile of the no religion population », prévoit qu’en 2030, 20 % de la population américaine pourrait être non affiliée.

 

Pour une réelle séparation de l’Église et de l’État