Que peuvent les petits contre les grands ?

Géopolitique des petites puissances, Thibault Fouillet, La Découverte, coll. « Repères », 2024, 128 p., 11 €.

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C’est avec le souci de la clarté et de la concision que Thibault Fouillet, un des stratèges français les plus prometteurs de sa génération, expose l’actualité de la géopolitique des petites puissances. Il revient sur l’exemple de la résistance inattendue de l’armée ukrainienne face à la Russie en 2022, qui fait écho aux revers essuyés par l’Union soviétique face à la Finlande en 1940. De quoi sa victoire serait-elle le signe ? L’auteur souligne la manière dont, depuis la fin de la bipolarité, de petites puissances peuvent être placées au centre des conflits et des lignes de fracture du monde, ce que montre l’actualité politique : Azerbaïdjan, Ukraine, Singapour, Qatar, Suisse.

On lira avec intérêt son observation des moyens utilisés par les petites puissances pour peser dans les relations internationales. Au-delà des moyens traditionnels de la puissance (hard power), comprenant les volets militaires et diplomatiques dans lesquels les petites puissances évoluent, il examine la façon dont elles combinent le hard et le soft power, et développent des moyens spécifiques (économie, influence) pour implémenter leurs capacités de niches. Sont cités en exemple le cas de Singapour, cité-État érigée en superpuissance financière et militaire, ainsi que les monarchies du Golfe et leur poids géostratégique.

Dans un second temps, l’auteur nuance son propos en soulignant les contraintes pesant sur ces petites puissances encore trop dépendantes de leur environnement régional. Une petite puissance, selon sa définition, connaît des problèmes de sécurité sans avoir la capacité d’en provoquer en retour, quelles qu’en soient les raisons. Il rappelle qu’une petite puissance défaite a bien plus de mal à se relever qu’une grande puissance comme les États-Unis qui, bien qu’humiliés au Vietnam, sont restés en pole position.