Aujourd’hui, le monde entier s’offre à travers le polar. Deon Mayer dissèque les tensions de l’Afrique du Sud, Peter Corris, le « Chandler australien », raconte son pays d’un style violent et ironique, tandis que Janis Otsiemi nous entraîne dans la frénésie de Libreville au Gabon. Comme de nombreux autres auteurs à travers le monde, le Mexicain Paco Ignacio Taibo II pense que sa société peut « être perçue plus clairement et plus directement à travers le prisme du fait criminel ».
Les scènes de crime se diversifient, les intrigues pénètrent des univers encore inexplorés, qu’il s’agisse de mouvements écologistes, de firmes agroalimentaires ou du monde impitoyable de l’entreprise, comme veut nous le décrire Donald Westlake dans son livre Le Couperet (1998). Il y met en scène un cadre supérieur, jusque-là sans histoire, qui décide, à la suite d’un licenciement, de tuer les six personnes postulant au même emploi que lui. Adapté au cinéma par Costa-Gavras en 2005, ce polar d’un genre nouveau a attiré plus de 600 000 spectateurs. Depuis Le Faucon maltais adapté en 1941, le cinéma, s’inspirant continuellement des romans policiers, a largement contribué à la diffusion du genre. Que l’on se souvienne de quelques réussites récentes : Hannibal de Thomas Harris adapté au cinéma par Ridley Scott en 2001, Pars vite et reviens tard de Fred Vargas mis sur grand écran par Régis Wargnier en 2006 ou, toujours en 2006, la réussite de Guillaume Canet avec Ne le dis à personne, roman de Harlan Coben.