Le rugby, décimé par la Grande Guerre

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Parmi toutes les villes formant la première division du rugby français, une seule, Montpellier, n’a jamais compté de monument aux rugbymen morts pendant la Première Guerre mondiale. Ce constat d’un rapport mémoriel particulier du rugby à la Grande Guerre s’explique par le lourd tribut payé par ce sport, relève un récent article de la revue Football(s), dont le dernier numéro est consacré à son cousin du ballon ovale. Le rugby français perd ainsi au front plusieurs de ses internationaux, comme Maurice Boyau ou Marcel Burgun, et des vedettes locales comme le Catalan Aimé Giral, dont le stade de Perpignan porte aujourd’hui le nom. Quelques années après la guerre, la fièvre mémorielle s’empare du rugby, et des monuments viennent honorer ces joueurs, le plus souvent à l’initiative de clubs encore existants aujourd’hui. Cérémonies commémoratives et rencontres sportives s’enchaînent au sein de la même journée ; tribunes, vestiaires et stades portent les noms des disparus ; quand ce n’est pas le maillot, comme celui de l’Union sportive perpignanaise (née de la fusion de deux clubs décimés par le conflit) qui se charge symboliquement d’une couleur rendant hommage au bleu horizon des poilus. Les commémorations du Centenaire ont entretenu cette mémoire, toujours vive y compris à l’international : les All Blacks néo-zélandais ont ainsi rendu hommage à Dave Gallaher, premier capitaine des Originals, la première équipe néo-zélandaise à jouer hors d’Océanie, mort lors de la bataille de Passchendaele. En septembre 2017, un mémorial international aux joueurs de rugby morts durant la Grande Guerre a même été inauguré à Craonnelle (Aisne), à l’initiative des fédérations anglaises et françaises.


Source

• Camille Morata, « “La balle dans l’aile, la mort est belle”. Les monuments aux morts rugbystiques », Football(s). Histoire, culture, économie, société, 2023/3.