Les émotions : amies ou ennemies du sportif ?

Dans le monde du sport, la préparation psychologique des athlètes est de plus en plus valorisée. Le mental se scrute, se prépare et se muscle. Atout décisif d’un champion ou d’une grande équipe, il ne se résume ni à la persévérance ni à la rage de vaincre…

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« Pour devenir un champion, il ne suffit pas de battre les autres, il est nécessaire avant tout d’être en paix avec soi-même, affirme Jérôme Palazzolo, à la fois professeur de psychologie et champion du monde de tractions sur barre fixe. Quelle que soit la discipline envisagée, le sportif doit travailler cet aspect “invisible”, mais essentiel à toute victoire : comment “placer” son esprit dans l’adversité 1 ? » La gestion des émotions s’avère cruciale. Une trop grande décontraction ne permet pas de mobiliser toutes ses forces. À l’inverse, une envie trop forte de l’emporter peut nuire à la concentration, et donc à l’efficacité. Au foot, on voit régulièrement des équipes dominer un match et se créer de multiples occasions, sans pour autant les concrétiser. Et en fin de compte, l’adversaire, qui aura défendu avec beaucoup de concentration tout le long, va l’emporter en marquant le but décisif. Coup de chance ou maîtrise mentale ?

Dans la zone optimale de fonctionnement

En psychologie du sport, on parle du « niveau d’activation » pour évoquer l’état émotionnel de la personne. Il varie d’un niveau de décontraction proche de l’ennui au stress le plus intense, et se mesure notamment à travers la fréquence cardiaque, le rythme respiratoire ou encore la tension musculaire. Ce qui peut constituer trop de pression pour l’un peut être insuffisant pour l’autre. Le psychologue finlandais Yuri Hanin 2 a défini dans les années 1980 une zone optimale individuelle de fonctionnement qui serait propre à chaque sportif. Suivant une courbe en forme de U inversé, cette zone se situe au sommet, là où le niveau d’anxiété ressentie est suffisamment élevé pour être stimulant, sans gêner la performance. Aux extrémités de la courbe, on trouve d’un côté un manque d’éveil et de stimulation, de l’autre, un état survolté, une tension extrême. « Un peu d’anxiété aide à rester vigilant, bien concentré sur la tâche à accomplir, et à atteindre l’accomplissement espéré », estime Jérôme Palazzolo. A contrario, trop de stress devant l’enjeu peut faire perdre quelqu’un qui se dirigeait tout droit vers la victoire.