Le sang des Aztèques

Comment les Aztèques, aux traditions guerrières établies, ont-ils pu être subjugués par une poignée d’aventuriers espagnols au XVIe siècle ?

La rapide et brutale conquête de l’Empire aztèque, ou mexica, par une poignée de conquistadors espagnols en 1521 fascine toujours. Comment 500 soldats, 16 chevaux et quelques mauvais canons ont-ils soumis en si peu de temps la cité des Aztèques Mexico-Tenochtitlan et l’empire que ses tlatoani (empereurs) successifs avaient bâti, pour dominer une contrée qui comptait environ 25 millions d’habitants ? De nombreuses explications ont été avancées : supériorité des armements européens et des techniques de combat, dont la présence des chevaux inconnus sur le continent américain ; hésitations du tlatoaniMotecuhzoma II, qui régna de 1502 à 1520 ; intelligence politique et stratégique du chef militaire espagnol Hernán Cortès ; rôle des épidémies véhiculées par les Européens… Aucune n’est totalement satisfaisante. Chacune a sa part dans les causes de cette conquête.

La crainte de voir le Soleil s’éteindre

L’archéologie apporte régulièrement des preuves de l’ancienneté des guerres de conquête en Méso-Amérique 1. Ainsi, les nombreuses dalles du site de Monte Albán (État de Oaxaca, Mexique) gravées entre 500 et 200 av. J.‑C. représentent des captifs de guerre entravés et sacrifiés, accompagnés de glyphes nominatifs et calendariques. Elles reflètent la toute-puissance de cette cité édifiée au centre d’un axe stratégique reliant trois vallées conduisant de l’Atlantique au Pacifique et du Sud du Mexique vers le Plateau central. Les guerres visant à conquérir d’autres cités sont fondamentales. Elles permettent d’asseoir le pouvoir politique en imposant un tribut matériel et humain aux vaincus, tandis que les guerriers capturés lors du conflit sont destinés aux sacrifices religieux.