Le cinéma pornographique est un objet rétif au regard sociologique. Moralement douteux, peu élevé dans la hiérarchie des biens de consommation culturels, il fait rarement l’objet de recherches précises, ne serait-ce que sur le nombre de films ou leurs budgets. En dépit de ces obstacles, Mathieu Trachman a réalisé une enquête par entretiens et observations dans un monde aux frontières incertaines, mais où les différents protagonistes travaillent, gagnent de l’argent et font du profit. Ce simple constat n’a déjà rien de l’évidence. Il faut se rappeler en effet que, lorsqu’elle est inventée il y a près de deux siècles, la pornographie sert d’arme critique à l’encontre des pouvoirs officiels. Depuis, elle s’est transformée en activité marchande avec pour objectif principal la mise en scène de fantasmes hétérosexuels. La pornographie est plus précisément encore un travail au service des désirs masculins qui met en scène des corps féminins.
Le travail pornographique
Le travail pornographique . Enquête sur la production de fantasmes . Mathieu Trachman , La Découverte, 2013, 292 p., 22 €.