D'où vient le vaudou ?
Le vaudou est indissociable de l'histoire d'Haïti, partie ouest de l'île de Saint-Domingue, dans l'archipel des Antilles. Quand Christophe Colomb débarque, en 1492, dans ce que les Espagnols nomment alors Hispaniola, l'île compte 1,3 million d'Indiens. Vingt ans plus tard, il n'en reste que 60 000. Dès 1503, les premières cargaisons d'esclaves africains sont débarquées pour fournir la main-d'oeuvre servile dans les plantations. De nombreuses ethnies, langues et religions d'Afrique noire vont se mélanger. A l'inverse des Bantus d'Afrique centrale, animistes, les Noirs du golfe de Guinée (peuples soudanais) sont polythéistes et l'influence des tribus fons du Dahomey (Bénin actuel) et yorubas du Nigeria va servir de base unificatrice aux pratiques religieuses.
Dans la langue fon, les vodoun désignent des divinités ancestrales et tutélaires, des puissances invisibles liées à la nature et aux activités humaines. Très syncrétisé, le culte vaudou va progressivement naître de la rencontre entre ces divers cultes africains et le christianisme. L'évangélisation fournit en effet une justification à l'esclavage et, en 1685, le Code noir institue la purification par le baptême. Dans la colonie devenue française en 1697, les esclaves investissent le culte des saints, les sacrements et fêtes liturgiques, faisant ainsi du catholicisme un dispositif protecteur de leurs croyances africaines.
Mélange forcé des ethnies, travail forcé et conditions de vie effroyables : face au système esclavagiste, les cultes africains constituent d'abord un moyen de liaison symbolique et spirituel avec l'Afrique ancestrale perdue. Avant la langue créole, l'expression rituelle et culturelle du vaudou va devenir un langage commun pour se définir comme groupe culturel homogène, le ciment d'une nation nouvelle. Le vaudou eut une influence prépondérante dans les révoltes d'esclaves et guerres de libération. Des esclaves « marrons » s'enfuient des plantations pour constituer des communautés libres en forêts. La cérémonie du Bois-Caïman, qui galvanisa les adeptes venus prêter serment, précéda l'insurrection générale des esclaves le 22 août 1791, laquelle mènera à la défaite des troupes napoléoniennes et débouchera sur la proclamation de l'indépendance d'Haïti en 1804, devenue la première République noire.