La démocratie, le capitalisme, la liberté, l’individualisme ou l’amour courtois ont-ils été inventés par l’Europe, et uniquement par elle ? À cette question, Jack Goody répond que la plus grande part des travaux historiques européens a eu pour objectif de le faire croire, dépossédant ainsi le reste du monde d’une partie de son histoire, tout en facilitant l’emprise idéologique de l’Europe. La thèse n’est pas nouvelle. Mais elle est ici en quelque sorte systématisée. L’auteur a, d’un certain point de vue, raison. Nos catégories historiques ont été en effet largement forgées en Europe. Mais peut-on dire, à partir de là, que l’Europe (peut-on la personnifier ?) a volontairement souhaité imposer sa vision des choses au reste du monde ? Cela paraît plus difficile et, de fait, l’auteur n’apporte pas de réels arguments à l’appui de cette thèse. J. Goody est un grand savant. Il nous a donné à lire de nombreux travaux véritablement remarquables, mais on est ici déçu.
Le vol de l'histoire
Le Vol de l’histoire. Comment l’Europe a imposé le récit de son passé au reste du monde. Jack Goody, Gallimard, 2010, 488 p., 30 €