Les animaux en islam

Les Animaux en Islam, Al-Hafiz B.A. Masri, Droit des animaux, 2015, 292 p., 9,90 €.

Lors de la campagne présidentielle de 2012, Marine Le Pen avait déclenché une polémique en déclarant que « l’ensemble de la viande qui est distribuée en Île-de-France, à l’insu du consommateur, est exclusivement de la viande halal ». Le ministère de l’Agriculture avait démenti le « exclusivement », mais ne contesta pas que beaucoup de Parisiens consommaient sans le savoir de la viande provenant d’animaux n’ayant pas été étourdis avant d’être égorgés. Si les propos de la candidate Front national étaient inexacts, ils avaient le mérite d’apporter une information peu connue. Certains lui reprochèrent de vouloir davantage vilipender les musulmans que défendre le bien-être animal. Il est vrai que la question de la viande halal est délicate. Comment critiquer une pratique d’abattage cruelle sans offenser ceux pour qui elle est une prescription religieuse ? La réponse est dans ce livre. L’auteur, qui est une autorité en matière de théologie musulmane, présente une analyse détaillée de la place des animaux dans l’islam. Sans surprise, il rappelle que le Prophète ne s’opposait pas à la consommation de viande. Mais sa lecture attentive du Coran et des hadiths révèle qu’il ne concevait pas le sacrifice des animaux comme une offrande à Dieu : c’était avant tout un acte de charité. La viande devait être offerte aux nécessiteux avant de servir de repas au croyant. Or, dans les circonstances d’aujourd’hui, par charité, un bon musulman pourrait lui substituer d’autres bonnes actions. Quant à l’exigence d’égorger les animaux encore valides, elle ne servait qu’à s’assurer de leur bonne santé. Les contrôles mis en place dans les abattoirs modernes lui enlèvent cette raison d’être. En somme, selon AlHafiz B.A. Masri, ni le sacrifice ni l’égorgement ne s’imposent aujourd’hui aux pratiquants. Soulignant que le Prophète avait un grand souci du bien-être des animaux, l’auteur en vient même à se demander si les musulmans ne gagneraient pas à devenir végétariens, du moins dans nos sociétés d’abondance où la viande n’est plus une nécessité. Comme quoi, il se pourrait au final qu’islam rime avec protection animale…