« Gourou apocalyptique », « prophétesse en culottes courtes », « vestale fiévreuse » 1… Greta Thunberg, c’est peu de le dire, n’a pas fait l’unanimité en France. Pourtant, la militante se contente de répéter ce que les experts martèlent inlassablement : il est urgent d’agir contre le réchauffement climatique. Dès lors, comment expliquer une telle levée de boucliers ? Probablement en raison du fait que Greta est encore une enfant. Sa minorité concentre en effet une partie des critiques. Greta est une jeune fille « manipulée » et « endoctrinée » (Pascal Bruckner, Le Figaro du 10 avril 2019), une « pauvre enfant (…) victime de ses parents manipulateurs » (Alain Finkielkraut, Valeurs actuelles, 19 octobre 2019). Quant au journaliste François Lenglet, il n’hésite pas à l’affirmer : « Le changement climatique, c’est un problème technique, avec des solutions techniques, qu’une jeune fille de 16 ans ne peut pas avoir 2. »
Les droits de l’enfant
Les enfants n’auraient-ils donc pas voix au chapitre lorsqu’il s’agit de leur avenir ? Ils y sont pourtant invités par la Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée par l’Onu en 1989 et signée par la France l’année suivante. Selon l’article 12, l’enfant « a le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturation ». Et avant même cette convention, les enfants avaient dans les sociétés démocratiques des espaces pour se faire entendre. C’est le cas des conseils municipaux des enfants. En France, ils voient le jour dans les années 1960-1970 et se développent à partir des années 1980. Souvent consultatifs et/ou restreints aux domaines qui touchent directement la jeunesse, on en compterait aujourd’hui près de 2000 selon l’Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes. Les élections au conseil de classe sont un autre rituel démocratique auquel les jeunes participent activement : un élève sur quatre a eu au cours de sa scolarité une expérience de délégué, selon une enquête du Cnesco de 2018 sur les engagements citoyens des lycéens.