Les enjeux de l'éducation

Que L'Expansion, hebdomadaire économique, présente à ses lecteurs un dossier spécial sur la croissance, quoi de plus logique ? Que la part du lion de ce dossier soit consacrée aux enjeux de l'éducation, voilà qui peut paraître plus surprenant. Il n'en est rien, car le monde des affaires, comme les gouvernants de la planète, est désormais convaincu que « là où l'investissement éducatif est élevé, la croissance est au rendez-vous ». C'est une équation un peu simpliste, mais qui reflète pourtant bien la tendance mondiale de l'accroissement des dépenses d'éducation lors des vingt dernières années. Les économistes de la Banque mondiale, prenant exemple sur la Corée du Sud depuis 1970, prônent d'ailleurs pour les pays en développement un investissement massif de l'Etat dans l'enseignement pré-universitaire et un désengagement de l'enseignement supérieur. Malgré des controverses à ce sujet, il semble que cette vision devienne très courante chez les gouvernants de la planète, particulièrement ceux du tiers-monde ou des pays en développement, qui ne possèdent pas d'enseignement universitaire ancien et performant. Pour eux, l'investissement serait énorme et probablement inutile compte tenu de l'attraction des universités des pays riches. C'est précisément dans l'enseignement commercial et managérial que le phénomène de privatisation est le plus achevé. La journaliste Isabelle Lesniak souligne, pour cet enseignement, la diffusion des contenus et modèles occidentaux. Les institutions américaines dictent leur conception de la gestion, notamment en ouvrant des filiales. La plus grande business school du monde par la taille, Wharton de l'université de Pennsylvanie, vient par exemple d'ouvrir une école à Hyderabad en Inde, et à Singapour, et sa filiale Internet forme, depuis 1998, 8 400 élèves en MBA, dont la moitié d'étrangers, essentiellement asiatiques (Chine, Inde, Corée du Sud).