Sciences Humaines : Vous avez réalisé une enquête sur le public de deux musées, l'un à Marseille et l'autre à Aix-en-Provence. Qu'avez-vous constaté ?
Luc Champarnaud : Dans cette étude commandée par le ministère de la Culture, l'objectif était d'affiner la connaissance des publics pour mieux comprendre la tarification et sa perception. Soulignons que ce sont des questions qui restent d'actualité, le ministère annonçant la parution prochaine d'un ouvrage entièrement consacré au tarif des entrées.
Il y a quelques années, nous avons comparé les réponses à un questionnaire administré à 600 visiteurs à la sortie de deux expositions qui se sont déroulées à quelques mois d'intervalle dans la même région, mais qui portaient sur des thèmes assez éloignés et dans deux villes au caractère très différent : une exposition sur le peintre Granet à Aix-en-Provence, et une sur les sculptures d'ancêtres Bieri Fang à Marseille. Nous avons retrouvé des caractéristiques communes que nous pouvons attribuer aux publics des musées en général, et d'autres traits qui relèvent, soit de la spécificité des deux villes, soit de la spécificité des expositions proprement dites.
Le premier constat est très classique : le public des musées est jeune, diplômé, riche (à classe d'âge identique) et cultivé si l'on s'en tient aux déclarations sur la lecture et sur la possession d'ouvrages et en particulier d'ouvrages sur l'art, ce qui n'est pas très surprenant. Très connu aussi, mais plus souvent oublié, le déclin massif de la fréquentation avec l'âge et en particulier avec le « grand » âge, comme si l'intérêt pour la fréquentation des musées décroissait nettement une fois accumulée une masse de visites passées. Cela nous amène à souligner que, contre l'intuition immédiate, et même si la visite au musée est une activité qui prend beaucoup de temps, ce ne sont pas les individus qui ont le plus de temps libre qui se rendent le plus dans les musées, au contraire. Ce sont les plus actifs et ceux dont le temps est le plus rempli.