Comment comprendre la politique internationale de l’administration Obama ? Y en a-t-il même une ? Sa politique sur la Syrie depuis 2011 avait déjà fait se poser de nombreuses questions. Dans le Washington Post, Anne-Marie Slaughter, professeure à Princeton et l’une des plus célèbres expertes en relations internationales, s’interrogeait : « Obama a-t-il une réelle stratégie pour son second mandat ? » Ces interrogations sont désormais démultipliées face à la Russie en Ukraine, aux négociations sur le programme nucléaire iranien, ou à l’impossibilité de faire plier Benjamin Netanyahou sur la colonisation en Cisjordanie. Pour beaucoup d’analystes, les trois mots qui caractérisent les actions actuelles de Barack Obama seraient : inaction, recul, incompétence.
Pour d’autres, cependant, il existe bien une logique et une vision du monde. Selon Fareed Zakaria (ancien enseignant à Columbia et l’un des spécialistes les plus écoutés), la présidence américaine serait aujourd’hui, non plus « impériale », mais « postimpériale ». Face à la complexification du monde et la multiplication des acteurs, l’administration Obama aurait su tirer les leçons des échecs en Afghanistan et en Irak. La guerre directe au sol, au lieu d’aboutir à des processus de démocratisation comme l’on cru les théoriciens néoconservateurs (Charles Krauthammer et William Kristol en tête), créerait à l’inverse de la rébellion et un refus mécanique de la modernité à l’occidentale.