Les peuples indigènes

Qui sont-ils ?
Où vivent-ils ?
Que veulent-ils ?
Que vont-ils devenir ?

Qui sont-ils ?

Selon une estimation diffusée par l'ONU en 1991, 300 millions d'hommes appartenant à plus de 5 000 ethnies représentent, actuellement dans le monde, des « populations autochtones ». Mais que faut-il entendre derrière ces mots ?

Au début de ce siècle, les fondateurs de l'ethnologie avaient pour ambition de classer les peuples du monde selon une échelle allant du « primitif » au « civilisé ». Leur jugement s'appuyait sur plusieurs critères : le mode de subsistance (chasse et cueillette, agriculture, commerce), l'organisation politique (bande, tribu, royaume ou Etat), le degré de développement technique et culturel (techniques du métal, écriture) et la religion (animisme ou religion du Livre). Cette vision scientifique est discutable, parce qu'elle présente comme naturelle leur évolution vers une forme unique de civilisation. Mais l'expansion de l'Occident, commencée au xvie siècle, poursuivie et intensifiée aux xixe et xxe siècles, a eu un impact décisif sur le devenir des sociétés et des cultures rencontrées : en Amérique, en Océanie, elle a imposé la domination durable d'une population européenne sur les indigènes ; en Afrique et en Asie, elle a importé des modèles culturels et politiques qui n'ont pas disparu avec la décolonisation.

Au-delà de cas exemplaires - Bushmen du Kalahari, Papous de Nouvelle-Guinée, Pygmées de Centrafrique - vivant dans des régions de désert ou de forêts, les « peuples autochtones » désignent aujourd'hui les populations qui se rattachent à des traditions locales antérieures à la colonisation, et dont la condition est celle de minorités culturelles au sein des Etats qui les gouvernent, même si elles y sont majoritaires. Ils ont en commun de ne pas s'être dilués dans les sociétés qui les entourent et de se réclamer d'une autre histoire qu'elles. Ils sont souvent restés à l'écart de l'influence exercée par les institutions : école, armée, justice, services sociaux, Eglises.

Depuis 1926, à l'Organisation internationale du travail (OIT), et depuis 1977 à l'ONU, la question des peuples « indigènes », « tribaux » ou plus récemment « autochtones » est prise en compte par les instances internationales. En 1972, le rapport Martinez Cobo, base de tous les travaux de l'ONU, définissait les peuples autochtones à partir de trois critères : l'antériorité, la position dominée et l'identité culturelle. Parallèlement, l'OIT a élaboré, depuis 1957, une série de conventions portant sur les « populations aborigènes et autres populations tribales ou semi-tribales », devenues « peuples indigènes et tribaux » en 1989 : pour l'OIT, « tribal » veut dire possédant des coutumes propres ou ayant un statut à part, et « indigène » à peu près la même chose qu'autochtone. Il n'existe toutefois pas de définition officielle des « peuples autochtones » qui soit acceptée par tout le monde, même si une Déclaration des droits des populations autochtones est en préparation à l'ONU, dans le cadre d'une « décennie des populations autochtones » allant de 1995 à 2004.