Les pistes de l'Ouest américain

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Il en faut du courage pour se lancer sur les pistes durant la ruée vers l’Ouest ! Aux États-Unis, les pionniers qui souhaitent rejoindre l’Oregon et la Californie dans les années 1840-1860 se lancent dans une dangereuse traversée pouvant durer jusqu’à six mois. L’historienne Juliette Bourdin dresse le portrait de ces migrants généralement issus de la « classe moyenne » – les plus aisés n’éprouvent pas le besoin d’aller chercher une vie meilleure et les plus pauvres peinent à financer une telle expédition. Ils appliquent une certaine égalité sur la piste, s’organisent en microsociétés et choisissent un capitaine pour la traversée, élu par tous les chefs de famille – ce qui s’apparente à une démocratie directe. Les conditions du voyage sont si rudes que pour survivre, on abandonne les conventions : la hiérarchie entre classes sociales et entre femmes et hommes s’efface. Les femmes se chargent de tâches « masculines » en conduisant l’attelage, en faisant des réparations et en montant la garde la nuit avec un fusil. « La précarité imposait l’égalité, au moins le temps du voyage », conclut la chercheuse. Avec une réserve : les hommes, eux, ont continué à éviter les tâches dites « féminines ».


Juliette Bourdin, « Tous égaux devant la piste ? Organisation sociale et processus de nivellement sur les pistes de l’Ouest américain dans les années 1840-1850 », Revue historique, n° 697, 2021/1.