Ionie (Turquie actuelle)
L'école de Milet : une nouvelle science de la nature
Le savoir serait né à Milet, en Ionie. Les manuels de philosophie y font éclore la philosophie, les historiens de sciences y situent l'émergence des sciences.
De Thalès, le fondateur de l'école de Milet, on ne sait pas grand-chose. La légende en a fait un des sept « Sages » de l’Antiquité : un savant universel, mathématicien, géomètre, astronome, ingénieur, moraliste, homme politique. Thalès fut un des dirigeants et législateurs de sa cité. Marchand et navigateur, l’astronomie lui était utile à la navigation. Ses connaissances d'ingénieur sont celles d'un maître d'œuvre qui pilote de grands travaux. C'est aussi un homme d'affaires avisé qui pratique la spéculation (sur le prix de l'huile ou du blé). De ce brassage de savoirs, de rencontres, notamment avec les savants mésopotamiens et égyptiens, Thalès a tiré une nouvelle vision du monde. Avec ses élèves Anaximandre et Anaximène, il a forgé une philosophie de la nature (physis) fondée sur la recherche des causes premières. Pour lui, tout vient de l'eau ; pour Anaximène tout vient de l'air ; pour Héraclite d'Éphèse tout vient du feu. Ces explications sont de nature physique (elles ne font pas appel à des entités divines). Ce qui ne veut pas dire que Thalès est athée : il croit à l'existence des âmes et à leur immortalité. L'école de Milet commence à décliner lorsque la ville est défaite par les Perses. Nombre de grandes familles quittent alors la région pour s'installer dans des colonies en Corse ou en Italie où les éléates et pythagoriciens, tous des exilés des ports ioniens, vont prendre le relais.