Les salaires suivent-ils la productivité ?

C’est l’une des lois majeures de la microéconomie : l’évolution des salaires doit tendanciellement suivre celle de la productivité. Elle repose sur une intuition simple : pour un employeur, il ne serait pas rentable de payer un salarié plus qu’il ne lui « rapporte » par son travail. Il doit donc exister un lien entre le niveau du salaire et celui de l’efficacité du salarié, qui peut être mesuré par sa productivité. C’est ainsi que les inégalités de salaires peuvent potentiellement être justifiées : les plus hauts salaires seraient les plus productifs, au sens où ils créeraient plus de valeur que les autres par leur travail pour leur entreprise. Or, un récent rapport du G20 montre que cette « loi » n’est pas vérifiée, au moins pour les 20 pays les plus riches au monde depuis la fin des années 1990. Sur les quinze dernières années, les salaires réels y ont globalement progressé de 5 % (historiquement très peu), alors que la productivité du travail connaissait dans le même temps une croissance de 17 %. L’écart d’évolution, de 1 à 3, est notable. Comment l’expliquer ? L’effet de la crise et de la montée du chômage, qui influent à la baisse sur les salaires, est indéniable. Mais c’est une explication insuffisante, car le phénomène a commencé bien avant la fin des années 2000. La mondialisation, sans doute, n’y est pas étrangère, avec une mise en concurrence par les pays à bas salaires et une globalisation financière qui poussent à la modération salariale.