Le fort intérêt médiatique pour les personnes à haut potentiel (HPI) a popularisé l’idée que les surdoués sont plus à risque de maladies et troubles mentaux, plusieurs études étant venues appuyer cette hypothèse. Un article paru dans European Psychiatry vient relancer ce débat, pointant les biais de beaucoup de ces travaux : échantillons de population étudiés très faibles ou biaisés. Ce dernier point est notamment évoqué pour les études prenant comme échantillons de population des membres de Mensa, une organisation regroupant uniquement des personnes possédant un quotient intellectuel (QI) très élevé.
L’appartenance à cette organisation suggère en effet une probabilité forte que les personnes ont passé des tests de QI dans un cadre médical en raison de troubles comportementaux. Pour avoir à la fois un large échantillon et éviter ces biais, les chercheurs se sont penchés sur les données de la biobanque britannique, une des plus grandes cohortes médicale au monde, en comparant la prévalence des troubles mentaux de plus de 16 000 personnes à haut QI à celles de plus de 236 000 ayant un QI dans la moyenne. Le résultat : les personnes à haut potentiel n’ont pas plus de troubles mentaux que la population générale, et seraient même moins touchées par les troubles anxieux et le syndrome de stress post-traumatique. Les seuls troubles – non psychiatriques – dont semblent souffrir davantage les personnes à haut QI sont certaines allergies et la myopie, sans que ces résultats, déjà présents dans d’autres études, soient complètement compris.
Source
- Camille Williams et al., « High intelligence is not associated with a greater propensity for mental health disorder », European Psychiatry, vol. LXVI, n° 1, novembre 2022.