Les traditions du « troisième sexe »

De nombreuses sociétés ont ménagé une place à un « troisième sexe », 
qui n’est ni complètement homme ni complètement femme. 
Dans la plupart des cas, on ne naît pas ainsi, on le devient.


Malgré les apparences, ni les travestis ni les transsexuels ni les personnes un tant soit peu « queer » ne sont des inventions modernes ou des produits de la libération des mœurs. On connaît à travers le monde nombre de traditions, parfois très anciennes, ménageant une place surnuméraire à d’étranges créatures, dans un monde que l’on croit souvent réduit à deux sexes. Les exemples ne manquent pas : les akava’iné (quasi-femmes) des Maoris, les burnesha albanaises (femmes-hommes), les bakla des Philippines (travestis), les faafa’fine de Samoa (hommes efféminés), les kathoey de Thaïlande (transgenres), les winkte des Sioux d’Amérique, les muxe du Mexique ont la particularité de constituer un « troisième sexe ». Les Bugis d’Indonésie, eux, en reconnaissent cinq : homme, femme, androgyne (bissu), homme travesti (calabai), femme travestie (calalai).

L’isthme de Tehuantepec

Les chroniqueurs et voyageurs du passé qui tombaient sur ces personnages bizarres n’avaient, en général, pas d’autre recours que celui d’y voir des cas d’homosexuels (alors appelés « sodomites » ou « berdaches »). Le vocabulaire moderne s’est heureusement enrichi de termes récemment forgés (transgenres, transsexuels, intersexués), mais reste tout de même prompt à assimiler ces cas ambigus à une orientation homophile. Les organisations militantes sont, elles aussi, portées à penser qu’il s’agit de cas individuels comparables à celui des personnes gays ou lesbiennes des pays occidentaux. En fait, rien n’est moins sûr.