La démocratie
Comme le dit son étymologie (demos = peuple, kratein = pouvoir), la démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Pourtant, rares sont les régimes qui se sont parfaitement pliés à cette exigence. Même la démocratie grecque citée en exemple ne s’en est qu’approchée. Les assemblées ne réunissaient qu’une minorité de citoyens qui n’étaient eux-mêmes qu’une faible minorité de la population. Aujourd’hui, seule la Suisse s’en approche par la pratique régulière de « votations », référendums d’initiative populaire.
La démocratie directe
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est l’un des premiers penseurs à concevoir l’avènement d’un régime démocratique moderne. Pour lui la souveraineté du peuple doit s’exprimer par la volonté générale, qui résulte de la délibération entre tous les citoyens (Du contrat social, 1762). Hostile à tout système représentatif, il est considéré comme un partisan résolu de la démocratie directe… mais admet aussi qu’elle n’est faite que pour un peuple de dieux ! À la fin du XXe siècle, des expériences de vote par Internet ont eu lieu en France et aux États-Unis, réactivant le rêve d’une démocratie directe. Elles se sont révélées en général peu probantes.
La démocratie représentative
Elle est apparue à partir de la fin du XVIIIe siècle aux États-Unis et en Europe. L’élection, longtemps considérée comme d’essence aristocratique, s’est imposée au détriment du tirage au sort très utilisé dans la démocratie antique. Au cours de son histoire tumultueuse, la démocratie a été associée à d’autres exigences : l’extension du suffrage universel à tous les adultes, y compris les femmes, l’existence de contre-pouvoirs, dont la presse, la protection effective de la liberté d’opinion, l’alternance politique, etc.
Les expériences de démocratie participative et locale
La démocratie représentative est régulièrement contestée dans sa capacité à représenter fidèlement l’opinion publique. Depuis les années 1980, diverses expériences ont eu lieu, en France mais aussi dans d’autres pays en Europe, en Amérique latine, etc., de démocratie participative ou locale. Elles visent à associer des citoyens à la délibération et aux décisions des politiques et des experts. Cette évolution marque le dynamisme du régime démocratique et sa capacité à évoluer mais montre aussi ses limites. Les consultations participatives ou locales se concentrant souvent sur des intérêts particuliers ou locaux.
Famille, école, entreprise : la démocratie dans la société
À la fin du XXe siècle, l’usage du mot démocratie a débordé le champ politique. Aujourd’hui, on parle de démocratie des organisations ou des institutions, de démocratie à l’école, dans la famille ou dans l’entreprise. La démocratie renvoie alors à des enjeux comme la participation des parents à la vie scolaire, l’exercice de l’autorité parentale, l’expression des salariés dans l’entreprise…
La république
La res publica – la chose publique – vise à permettre l’expression de l’intérêt général au-dessus des intérêts particuliers.
Contre la tyrannie
La république n’est pas classiquement présentée comme un régime pur mais comme une alchimie entre plusieurs types de régime. Elle peut aussi bien comporter des éléments de la démocratie ou d’autres régimes plus élitistes ou autoritaires. Déjà, pour Cicéron (Ier siècle av. J.‑C.), la république combine ce qu’il y a de meilleur dans la monarchie, l’aristocratie et la démocratie. Au XVIIe siècle, toujours définie comme un régime mixte, elle s’affirme surtout en opposition à la monarchie absolue.
La république à l’américaine
Pour les fédéralistes américains, la grande république moderne se distingue de la démocratie des Anciens par l’introduction d’un système de représentation. « Dans une démocratie, écrit James Madison, l’un des principaux auteurs de la Constitution américaine, le peuple s’assemble et se gouverne lui-même ; dans une république, il s’assemble et se gouverne par des représentants et des agents. » Elle est alors présentée comme le régime le mieux adapté aux grands États fédéraux.
La république à la française
Les révolutionnaires français assoient la république sur des principes à caractère universel – liberté, égalité, fraternité – destinés à sceller l’unité du peuple des citoyens. Mais, très vite, ils conduisent au jacobinisme puis au bonapartisme. La Ire République, instaurée par les jacobins, établit le gouvernement de la Terreur (juin 1793-juillet 1794) qui instaure la dictature de Salut public et renvoie aujourd’hui à une conception centralisatrice de la République française. L’empire napoléonien (1804-1814) et la République dans les mains d’un empereur héréditaire instaurent un État autoritaire et centralisé, renvoyant aujourd’hui au culte du chef et d’une autorité forte.
Aujourd’hui, la république est associée à l’idée d’égalité des citoyens devant la loi et de neutralité envers les opinions politiques et les convictions religieuses.
Le libéralisme
Né à l’aube du XVIIIe siècle, le libéralisme est une philosophie globale avant d’être une doctrine politique. Il est également économique. En matière politique, les théoriciens libéraux veulent fonder un ordre social accordant à l’individu des droits d’expression politique et de liberté d’opinion
Aux origines : contre la monarchie absolue
Le libéralisme politique fut utilisé en Angleterre et aux Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) dès le XVIIe siècle comme idéologie de combat contre l’absolutisme monarchique et les autorités religieuses. Il affirme comme principe premier de la vie politique la défense des droits de l’individu : droit d’expression, d’association, de propriété…, à la différence de l’Ancien Régime qui soumet les individus aux intérêts du groupe : famille, ordre, État, Église. Il revendique un État fondé sur le droit et non sur l’autorité capricieuse du prince.
Les penseurs classiques
John Locke, Charles de Montesquieu, Benjamin Constant, François Guizot sont les penseurs classiques du libéralisme politique. J. Locke (1632-1704), le premier, en énonce les principes politiques : le but de l’organisation politique n’est pas de renforcer la puissance de l’État mais d’offrir aux individus la liberté de penser, de croire, de circuler, d’organiser leur vie comme ils l’entendent dès lors que la liberté d’autrui n’est pas menacée. Montesquieu (1689-1755) développe l’idée de la division des pouvoirs (entre autorité religieuse et politique, entre exécutif et législatif) qui garantit contre l’arbitraire de l’État. Le libéralisme politique est représenté au XIXe siècle par des hommes comme B. Constant (1767-1830), inlassable dénonciateur de la tyrannie des régimes despotiques (jacobin ou bonapartiste), auteur en 1819 d’un discours sur « La liberté des Anciens et des Modernes ».
Aujourd’hui : pour le pluralisme politique et contre le totalitarisme
Au XXe siècle, le libéralisme réunit des penseurs aux options parfois très différentes : des tenants du pluralisme politique qui s’opposent au totalitarisme, comme Raymond Aron (1905-1983), jusqu’aux doctrinaires ultralibéraux, partisans de l’État minimal, comme le courant des libertariens (représenté par Robert Nozick, etc.) qui eut son heure de gloire dans les années 1980.