Les vacances en milieu populaire

Une étude menée par le sociologue Pierre Périer dresse une typologie des rapports aux vacances en milieu populaire. Dans les couches populaires, on part peu en vacances. Mais ces dernières constituent à la fois un mythe du bonheur et, a contrario, l'expression d'une domination.

Il y a ceux qui vont toujours au même endroit, quatre semaines d'affilée, pendant des années : « Moi pour partir, c'est pas un problème. J'ai la caravane sur place, j'ai que de la route à faire. Là-bas, c'est à peu près la même vie qu'ici, j'ai juste à faire les bagages et partir. Je ne vais pas loin, j'ai 60 kilomètres à faire, tous les week-ends et vacances on y va », raconte un homme qui part tout le mois d'août.

Pour la plupart, en revanche, il n'en est pas question. Témoin cet ouvrier du Nord qui déclare : « Ça fait déjà un moment qu'on ne peut pas partir, vu qu'on n'a pas de voiture. C'est la deuxième année qu'on reste ici, cette année on va essayer de partir quand même » ose-t-il, mais, semble-t-il, sans conviction. Et il ajoute : « Je sais pas, on verra bien, y'a les finances, c'est les finances, c'est toujours ça.»

En milieu populaire, la réalité du départ est faible, aléatoire et souvent même quasi nulle. Pour tous, les ambitions de vacances sont réduites : « Moi je ne demande pas à partir loin. Je voudrais me distraire un peu, il y a quinze ans que je suis partie, c'est dur alors. Je voudrais me reposer, me relaxer, me détendre un petit peu des problèmes qu'on a, tout ça... » dit cette femme d'ouvrier soudeur, mère de famille.

Ces exemples proviennent d'une étude menée par le sociologue Pierre Périer 1.

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Ce dernier distingue quatre types de rapports au temps de vacances : les vacances programmées ; les vacances contingentes ; les vacances virtuelles ; les vacances repliées.