Lire la crise

Parmi l’avalanche de publications expliquant la crise actuelle, quelques livres se détachent du lot.

En 2009, la reine Elizabeth II interrogeait un parterre d’économistes réunis à la London School of Economics avec cette désarmante question teintée de reproche : « Why didn’t you tell us ? » (« Pourquoi ne nous avoir rien dit ? »1.

La crise, déclenchée en 2008, avait pris de court la plupart des économistes. Peu d’entre eux l’avaient anticipée. Mais dès les premières semaines, les publications commençaient à sortir à un rythme soutenu, expliquant a posteriori ce qui s’était passé… De cette avalanche de publications lesquelles retenir ?

 

 

publicité

 

Économie de crise
Une introduction à la finance du futur

Nouriel Roubini et Stephen Mihm, Lattès, 2010.

Nouriel Roubini peut se targuer d’être l’un des seuls à avoir prévenu, dès 2006, du déclenchement imminent de la crise de subprimes. Depuis, ses commentaires sont très écoutés… Avec l’historien Stephen Mihm, il a rédigé l’un des meilleurs livres sur la crise. Il rappelle d’abord que « les crises ne sont (pas) des anomalies auxquelles voudrait nous faire croire l’analyse économique moderne (…) ». Elles sont au contraire tragiquement banales et répétitives. Elles surviennent après des périodes de croissance, puis d’emballement, d’éclatement des bulles suivies d’une phase destructrice. L’histoire de la crise de 2008 ne fait que rejouer, à grande échelle, celles connues précédemment. Même si les causes et les issues sont à chaque fois spécifiques : « L’histoire ne se répète jamais, mais elle rime souvent. »

Aucun des modèles théoriques existants – Karl Marx, John M. Keynes, Joseph Schumpeter et bien d’autres encore –, s’ils donnent des éclairages intéressants, ne suffit à comprendre la crise. « Il nous faut déposer notre idéologie au vestiaire et considérer le problème calmement. » Les solutions non plus ne sont pas éternelles, il arrive que les remèdes deviennent des poisons. « Nous ne souscrivons pas aux explications usuelles d’un excès ou d’une insuffisance d’intervention publique. La réalité est beaucoup plus complexe et contre-intuitive. »