Messianisme, le bonheur après l'apocalypse

« Il jugera les faibles avec justice (…). De sa parole, comme d’un bâton, il frappera le pays, du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant. » C’est en ces termes qu’Isaïe prophétise, dans la Bible, l’arrivée du Mashia’h, ou Messie, l’« Oint de Dieu ». Au programme : un monde heureux, dans lequel « le loup habitera avec l’agneau ». Les ennemis seront brisés, et le peuple élu, jusqu’ici dispersé et exploité, sera réunifié et comblé de bienfaits.

Le messianisme se définit comme une croyance religieuse en la venue d’un rédempteur, le Messie, qui mettra fin aux injustices sur Terre – plutôt qu’après la mort, dans un au-delà nébuleux. Même si le bonheur est parfois promis à tous, la salvation est le plus souvent réservée à des élus. Sera instauré un ordre nouveau fait de justice et de paix, véritable paradis sur Terre.

Utopisme et messianisme ont en commun de ne pas se satisfaire du monde tel qu’il est. Un messianisme peut se voir comme une forme d’utopie, dans la mesure où il est porté par des gens qui croient possible l’avènement d’un monde nouveau, et qui s’emploient souvent à le faire advenir – au besoin par des actes de violence.

• Dans le judaïsme, le Messie est d’abord présenté comme un roi de victoire, qui libérera son peuple de l’oppression. Au début de notre ère, des mouvements messianiques agitent Judée et Galilée. Le plus connu est celui des zélotes. Son fondateur présumé, Judas le Galiléen, conduit une révolte contre l’occupant romain vers l’an 6. Les zélotes se soulèvent à nouveau en 67. S’ensuivent le siège de Jérusalem par les légions romaines, l’incendie du Temple (le cœur du culte judaïque) en 70, et le siège de Massada, qui se clôt par un suicide collectif des zélotes en 72. En 132, c’est au tour de Simon Bar Kochba de se proclamer Messie et de mener une nouvelle révolte… Les Romains, vainqueurs en 135, rasent Jérusalem et obligent les Juifs à se disperser. De ce passé dérive une prière rituelle, « L’an prochain à Jérusalem ». Le retour du peuple élu en Israël vaut promesse messianique, en attendant que l’Oint se manifeste.